Cherry gardait le silence. Comme à chaque fois qu'elle allait prendre des tessarae supplémentaire, un goût d'injustice se répandait en elle... dans son corps, dans ses veines, elle voulait crier, hurler, se débattre... mais elle n'avait pas ce droit... tout soulèvement était puni de façon... sauvage, les gens du Capitole s'en fichait de l'âge... après tout, ils envoyaient bien des enfants de 12 ans se faire massacrer alors torturer une fille de 16 ans rebelle !

Iris tentait veinement de se calmer, de se concentrer, sur la raison qui la poussait à se mettre dans une situation à chaque fois plus dangereuse : sa famille... elle n'avait pas le choix. C'était pour sa mère et sa grand-mère qu'elle devait le faire. Enfin, elle et sa cousine aussi. Son regard se porta sur la droite, Nacisse était là et elle ne parlait pas plus. Iris n'osait l'interrompre dans ses pensées qui ne devaient pas tellement différer des siennes...

Leurs pas étaient lourd, chaque année, c'était une chance supplémentaire d'être amenée à l'Arène pour être tuée. Iris leva le regard vers le ciel, mais les arbres touffus de son district l'empêchait de le voir pleinement, ils faisaient sombre, mais elle garda le regard fixé haut. Elle détestait les jeux, elle détestait ça parce qu'à chaque fois, c'était un nouveau stress. Quand on voyait les enfants courir, on ne pensait pas à ce qu'ils allaient faire plus tard, comment serait leur futur, non, on pensait, "Est-ce que ce sera lui un jour qui représentera notre District ?". Chaque année c'était une nouvelle perte, le District 7 n'avait pas connu de vainqueur depuis longtemps... Iris se mordit la langue... parfois, quand l'heure du tirage arrivait, quand une représentante du Capitole se tenait sur l'estrade dans une tenue ridiculement voyante, prête à tirer son p*tain de papier tout sourire comme si c'était la plus belle chose au monde ce passage rapide à la télé, Iris se demandait à chaque fois si ça allait être elle ou Nacisse... automatiquement, elles se tenaient par la main, pour supporter l'épreuve, pour se soutenir mutuellement. Encore cinq fois éligible... plus que cinq fois avant... avant de devenir adulte, avant de pouvoir être soulagée de ce poids... jusqu'à ce qu'on se décide à avoir un enfant... une boule se forma dans sa gorge, Iris ne voulait pas d'enfants, elle ne pouvait pas faire ça à un petit être qui serait sa chaire et son sang.

Finalement devant chez elle, Iris cligna des yeux, le chemin du retour avait été plus rapide qu'elle ne l'aurait imaginée, elle poussa la porte de chez elle et attendit que Nacisse franchisse à son tour de seuil avant de refermer la lourde porte en bois... Iris s'assit sur une chaise et ne bougea pas, le regard vide, le regard perdu, dans le salon, sa grand-mère regardait la télé, sa mère assisse en boule dans un fauteuil regardait également la télé hypnotisée, se balançant d'avant en arrière, les jeux tuaient des innocents et détruisaient les vies des gens communs, comme sa mère, comme tout ceux qui restent et qui devaient regarder leur proche ou amoureux mourir de façon cruel. Puis soudain, la programmation diffusa une ancienne retransmission d'un jeu, le regard d'Iris vira au noir, sa mère poussa un cri d'horreur avant d'aller se cacher dans sa chambre, sa grand-mère se leva et vint prodiguer une caresse à chacune de ses petites filles avant de partir à son tour. Elles ne regardaient jamais les rediffusions. Iris se leva et prit la place chaude que venait de quitter sa mère et elle augmenta légèrement le son. Elle sentit plus qu'elle ne le vit Nacisse s'asseoir à ses côtés.

« Ça pourrait être l'une de nous cette année... » finit-elle par lâcher alors qu'à l'écran, un garçon venait de donner un coup fatal à la tête à l'aide d'un morceau de bois à une fille. Iris ne détourna pas les yeux. Sur le visage de ces enfants, cette même folie peinte dans leurs traits : l'envie de survivre coûte que coûte au prix de leur humanité. « Chaque année, notre nom se retrouve de plus en plus dans l'urne... et si cette fois-ci c'était la bonne Nacisse ? » souffla-t-elle du bout des lèvres, son corps trembla... et si cette année, elle allait regarder l'écran en voyant Nacisse se démener ? Ou si elle ne voyait pas d'écran, mais l'horreur des jeux en réalité ?

Nacisse ne disait rien. Elle se sentait vidée de toute énergie. Elle pouvait sentir un creux dans son ventre qui, pour une fois, n’avait rien à voir avec la faim. Pour la sixième fois, elle venait de signer pour du tessarae. À deux tickets par années, plus les tickets réguliers pour son âge, ça la rendait trente-trois fois illégible aux hunger games. Trentre trois fois plus de chance de mourir sur grand écran géant à travers le panem en entier. Non, elle n’avait pas spécialement envie de parler. Quelque chose bouillait en elle et faisait vibrer tout les membres de son corps. Elle savait que si elle osait ouvrir la bouche, elle ne pourrait pas contrôler le flo de paroles sur le capitole et leur dictature. Elle savait aussi qu’on pendait pour moins que ça. Et qui sait ce qui se cachait vraiment dans les bois, pour être honnête, elle avait moins peur des loups et des grizzlis que des caméras. . .

Elle donna un bon coup de pied dans une pierre qui se trouvait sur son chemin. Ça y est. À 17 ans, le capitole avait commis l’impensable. Il empêchait Nacisse de se sentir en sécurité même dans les bois. Elle soupira longuement. Le poids de sa petite brouette lui faisait mal au bras. Le poids nécessaire en huile et en graine pour quatre personne durant un mois entier. Enfin approximativement. La vérité c’était que chaque mois, elle finissait par en manquer. Mais c’était tout ce que le capitole pensait qu’il méritait en échange d’une chance de plus d’être dans l’arène. La blonde ne comprenait pas, peu importe l’angle dans lequel elle regardait, le concept la dégoutait. Elle ferma ses poings tellement forts que ses ongles rentrèrent dans sa peau et lui laissèrent une marque. Pourquoi personne ne disait rien, pourquoi personne ne faisait rien. Les mêmes questions, moins après moi, année après année. ‘Les gens ont peur, ils ne veulent pas se mettre eux ou leurs proches en danger’, c’est ce qu’on lui répétait à tout bout de champ. Mais c’était de la connerie si on voulait son avis. Ils étaient déjà tout en danger, même s’il n’était pas choisi pour aller dans l’arène, ou exécuter sur la place publique, il restait toujours la faim et les maladies qui grugeait le panem alors que ceux bien au chaud dans le capitole jetaient de la nourriture par les fenêtres et recevais des chirurgies par des spécialistes pour changer leur peau de couleurs ou bien se faire posé des moustaches de chat. Conneries.

Elles arrivèrent finalement chez elles, sans avoir parlé du tout sur le chemin du retour. Elle entra dans la maison, salua à peine sa tante et sa grand-mère et alla ranger les provisions dans la cuisine et remettre une buche dans le poêle. Leurs petits sacs de provisions dans leurs grandes armoires vides lui faisaient mal au coeur, et elle du serrer des dents pour ne pas se mettre à pleurer. C’était ça que valait sa vie. Un tout petit sac qui leur permettait à peine de survivre. Elle claqua la porte de l’armoire plus forte qu’elle aurait due et retourna dans le salon. Sa grand-mère, une femme forte, mais aux traits tirés, fatigués. Leur grand-mère avait travailler jusqu’à très vieille dans la forêt comme bucheronnes, plus vieille que la moyenne des femmes et c’était le genre de métier qui usait un corps et le faisait vieillir précocement. Maintenant a la retraite, elle doit continuer de travailler, faisant parfois le ménage ici et là, cuisinant pour ceux qui n’y arrivaient pas, s’occupant des enfants du voisin de temps en temps, pour qu’elles y arrivent. Pour leur garder leur toit au dessus de leurs têtes et leur permettre un peu de viande de temps en temps. Sa tante ... Pour faire simple, disons que Nacisse n’avait jamais vu sa tante être totalement elle-même, il n’y avait pas que les tributes qui étaient touchés par le jeu. Elles étaient belles les survivantes. Brisés, usées, au bout du rouleau, ne tenant qu’à un fil. C’était le genre de vie qui l’attendait et qui attendait les prochaines générations si tout le monde continuait de se taire de la même façon.

La télé montra l’emblème du capitole accompagné de son jingle familier et une rediffusion des jeux commença. Nacisse ne sursauta même pas en attendant sa tante criée et se poussa pour lui laisser le chemin libre alors qu’elle se ruait dans sa chambre. Elle sourie gentiment à sa grand-mère qui lui caressa la joue en passant et de nouveau, elle était seule avec Iris, face a une autre image qui leurs rappelait qu’elles étaient encore que des pions. Elle alla tout de même rejoindre sa cousine dans le fauteuil. Il était encore trop tôt pour se mettre au lit et aussi bien profit de l’électricité tant qu’il était encore là. De plus, les rediffusions des jeux pouvaient être brutales, Nacisse voyait ça comme une leçon, une façon d’apprendre des erreurs des autres. Juste au cas. Juste au cas où cette année, ça serais son tour. « Ça pourrait être l'une de nous cette année... Chaque année, notre nom se retrouve de plus en plus dans l'urne... et si cette fois-ci c'était la bonne Nacisse ? » La blonde déglutie. Elle ne pouvait pas dire qu’elle n’y pensait pas souvent. Qu’elle ne se couchait pas le soir, au moins une fois par semaine, avec la peur de s’endormir et rêver encore que son nom soit tiré lors du reaping. Elle passa une main dans les cheveux d’Iris qui tremblait même à l’idée. Qu’est-ce qu’elle pouvait dire? Qu’elle se porterait volontaire à sa place? Elle savait que sa cousine n’accepterait jamais que si elle prenait ça place à elle et mourrait dans l’arène, elle ne pourrait pas plus le supporter qu’elle si les cas étaient inversés. “J’imagine qu’on va se battre.” Elle regarda la télé, les images de vingt-quatre enfants forcés de s’entretuer défilaient sous ses yeux. C’était stupide, comme si l’un d’eux n’avait pas essayé de se battre. ‘On va ramener les honneurs au district et l’argent à la maison. On n’a pas le choix. On ne peut faire autrement.’ Elle soupira et montra la télé du doigt. “Déjà on ne fera pas comme ce stupide du district 9, pas fichu de voir les racines de réglisse juste à côté de lui.” Elle se souvenait de ce joueur en particulier, il était excellent pour se cacher dans les bois, personne ne le voyait. Mais il était mort de faim au bout de 5 jours faute d’avoir trouvé quoi se mettre sous la dent.

Les Jeux à cette période de l'année devenait quelque chose de plus concret, une réalité plus oppressante et plus effrayante que jamais pour tous ceux qui se retrouvait avec leur nom dans l'urne. Il n'y avait pas eu de gagnant aux Hunger Games précédent... qui sait comment allait se dessiner le prochain... peut-être plus violent que jamais, plus dur aussi. Pour calmer les foules du Capitole, pour exciter leur soif de sang et de cruauté, pour leur en donner plein les yeux et leur faire oublier Sandro, cette gamine du District 9 morte l'année dernière et qui aurait dû être victorieuse des derniers jeux. Étrangement, il n'y avait pas de rediffusion de ces jeux-là... “J’imagine qu’on va se battre.” Iris ferma les yeux.

Se battre, certes. Ils se battaient tous pour leur vie. Cet instinct animal de survivre se lisait dans les yeux de tous les tributs, c'était bien là leur seul point commun à tous, et peu importait l'âge ou le sexe dans l'Arène, personne n'avait pitié de personne. Iris avait vu de ses yeux ce que les anciens vainqueur avait été capable de faire pour s'en tirer, pour pouvoir rentrer chez eux. Mais certains étaient mieux préparer que d'autres, certains, comme les carrières, avaient plus de chance. Et en faisant partie du District 7... ceux qui venaient de ce district ne partait pas du tout victorieux, loin de là, ici, on était rarement préparé à se battre.

Et pourtant... Iris était prête, elle le savait, depuis quatre ans elle s'entrainait tous les jours, à cause de Jane notamment, elle avait su se montrer endurante, c'était un des conseils de la blonde pour elle : cours, ne fais confiance à personne et vis. Grâce à Rowan, elle avait aussi su s'imaginer parfaitement la difficulté d'une Arène, elle avait ressenti dans sa façon de raconter tout ce par quoi il était passé, Rowan lui avait enseigné de pour survivre, il fallait aussi savoir réfléchir et avoir un morale d'acier... Ripper lui avait enseigné à se servir d'une hache, elle était douée avec, elle savait parfaitement s'en servir pour découper les objets, son bras ne tremblait plus. Mais cela ne l'avait pas préparé à tuer.

Ses muscles se relâchèrent, ses yeux se voilèrent un instant, soudain, ses sens furent en éveil, elle sentait l'odeur boisé de son foyer, elle voyait clairement chaque fissure dans le mur, elle entendait le bruit du bois qui brûlait dans l’âtre, elle sentait sous son corps chaque parcelle du fauteuil beaucoup trop dur sur lequel elle était assisse. Elle ressentait tout, et du fond de son être elle sut. Elle sut que pour retrouver cette sensation, elle serait capable de tout. Pour retrouver sa famille, pour leur épargner la douleur d'une nouvelle perte. “On va ramener les honneurs au district et l’argent à la maison. On n’a pas le choix. On ne peut faire autrement.” Iris tourna son regard bleu vers Nacisse et elle comprit, elle aussi avait fait le même cheminement qu'elle-même, elles ne pouvaient pas mourir, si jamais une des deux devaient être dans l'Arène... elles se devaient de revenir... peut important l'était psychologique mais elles devaient revenir parce qu'aussi non ce serait beaucoup trop dur. « Il en sera ainsi alors. » répondit Iris avec toute la foi qu'elle pouvait avoir dans ses paroles. Dans un geste automatique, elle attrapa la main de Nacisse dans la sienne afin de la serrer légèrement.

Sa cousine ramena son attention sur l'écran pour montrer un des passages des jeux. “Déjà on ne fera pas comme ce stupide du district 9, pas fichu de voir les racines de réglisse juste à côté de lui.” Iris eut un petit sourire en coin. « L'avantage du terrain... tout le monde ne sait pas reconnaître ce qui est bon ou non à manger dans les plantes » finit par dire Iris en fronçant les sourcils, si on la mettait dans une forêt pour les prochains jeux, elle avait toutes ses chances... mais un désert, un milieu enneigé ou une étendue d'eau lui garantissait un désavantage non négligeable. Mais au moins, elle était consciente de ses ressources tout comme de ses points faibles. « Tu crois qu'on devrait s'entraîner Nacisse ? Tu crois qu'on devrait se préparer aux jeux ? Les carrières le font... les carrières se préparent à tous les terrains... si on veut avoir une chance... on ne peut pas tout miser sur le hasard, on doit jouer sur nos forces et nos ressources. » jamais jusqu'à présent elles ne s'étaient senties obligée de s'entraîner... mais jamais elles n'avaient autant eu leur prénom dans les urnes que cette année... alors peut-être que ce n'était pas une mauvaise idée après tout... même si cela rendait leur participation plus réelle.

Nacisse fixait son attention sur l’écran. Les images des jeux n’étaient jamais censurées et c’était obligatoire dans tout le panem de les écouter. Elle regarda une fille d’environs son age, tuer un gamin d’à peine douze ans en lui explosant le crâne avec une pierre. Elle ne cilla pas. Habitué à se genre d’imagine, ce n’était pas vraiment le sang ou le sadisme qui l’écoeurait, elle comprenait l’instinct de survie. Elle s’imagina dans l’arène un moment. Elle se voyait à l’écran. Elle imaginait Iris, sa grand-mère, probablement pas sa tante, mais peut-être sa mère .. La regarder se battre à l’écran pour sa survie. La regarder tuer ou mourir. Elle voyait Iris à l’écran et s’imaginait-elle, la regarder se battre pour sa vie, pour revenir au district 7. Elle eu l’envie immédiate de se cacher la tête dans ses mains et du se concentrer sur sa respiration pour ne pas hyperventiler et elle serra très fort la main d’Iris dans la sienne. Pas cette année pitié. Tout le monde s’attendait à des jeux encore plus sanglants que d’habitude, l’année dernière le capitole avait perdu la face, pas question qu’il se fasse reprendre de la même façon une deuxième fois consécutive. Elle devait au minimum repousser le délai d’un an encore. « Tu crois qu'on devrait s'entraîner Nacisse ? Tu crois qu'on devrait se préparer aux jeux ? Les carrières le font... les carrières se préparent à tous les terrains... si on veut avoir une chance... on ne peut pas tout miser sur le hasard, on doit jouer sur nos forces et nos ressources. » La blonde fronça les sourcils et détacha son regard de la télé où un gamin recevait une lance en plein front. S’entrainer à quoi? À tuer? Franchement, elle ne pouvait pas penser à une excercisse qui les prépare vraiment à ça. ‘C’est illégal. S’ils nous surprennent à nous entrainer...” Elle ne finit pas sa phrase. Elle n’avait aucune idée de ce qui allait se passer, c’était rare de voir les jeunes du 7 s’entrainer pour l’arène. On n’était pas dans le 1, le deux ou le 4, ici on ne prenait ça comme un voyage à l’abattoir et pas une compétition en bonne eduforme. Mais en même temps, sa cousine n’avait pas tord, jamais elles n’avaient eu autant de chance de participer aux jeux, jamais elles n’avaient eu aussi peur que l’une d’elles se retrouve dans la fausse aux lions. Elle s’imagina une nouvelle fois dans l’arène. Elle avait toujours misé ses chances de survie sur sa capacité à survivre dans les bois, sur ses connaissances des plantes et autre. Qu’est-ce qui allait se passer si l’arène était un désert complet, ou un océan ou une carverne. Elle ne se voyait pas survivre à la chaleur et ne savait pas trouver de nourriture dans ce genre d‘endroit, elle savait à peine nager et l‘idée d‘êtres prise avec 23 meurtriers potentiels dans une grotte ne la réjouissait pas trop, elle ne saurait pas où se cacher. ‘J’imagine qu’on pourrait toujours essayer oui.’