Sujet: paint the picture of a perfect place | J&C Jeu 9 Juin - 6:12
❝They've got all the right friends in all the right places, So yeah, we're going down.❞
Un sourire hypocrite mais paraissant terriblement sincère sur les lèvres, Callum fit tinter le cristal de son verre contre celui du Président, en profitant pour le complimenter quant à cette superbe soirée qui se passait merveilleusement bien. Rien n’était trop beau pour Snow, et l’afflux de louanges destinées à sa petite personne n’était qu’un moyen de plus pour s’attribuer sa confiance : un luxe que Kennedy ne pouvait se permettre d’occulter. Sois proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis, telle était sa philosophie, et certainement la meilleure façon de retourner sa veste avec brio lorsque le jour de la Rébellion sonnerait. N’écoutant que d’une oreille les quelques mots que le vieil homme lui adressa d’un air amusé, il simula un éclat de rire avant de boire une rasade de champagne, puis balaya l’immense salle d’un regard avisé. Lustres à pampilles du siècle dernier, lumières tamisées et robes de grands couturiers : il était bien loin des fêtes du village de son district neuf natal.
A vrai dire, il haïssait ce genre de réception : pompeuse au possible, arrosée de crémant hors de prix et sertie des diamants que ces dames portaient aux poignets. Tout y puait la richesse, l’opulence et l’excès : en bref, tout ce qui avait le don de l’insupporter, en bon fils d’ouvriers qu’il était. D’un geste majestueux, le dictateur Snow éleva sa coupe de mousseux en se tournant vers la foule, la dominant du haut de son piédestal. Feignant l’allégeance, Callum l’imita, demandant l’attention de leur audience de sa voix puissante et assurée, laissant finalement place à son supérieur qui entama un discours des plus fastueux. « Mes amis, ce soir, j’aimerais que nous levions nos verres à ceux qui ont emmené notre nation vers son apogée, à ceux qui l’ont rendu plus belle et plus puissante encore que je ne l’ai fait par le passé: célébrons nos Vainqueurs ! Ses hommes et ses femmes qui, par leurs actes héroïques, ont tenu et tiennent encore notre pays en haleine grâce aux fabuleux Hunger Games! Dédions cette nuit à leur gloire, et à la gloire de Panem ! ». A l’unisson, les invités applaudirent bien sagement, comme soumis aux paroles de leur tyran, tyran qui profita de cette ovation pour s’éclipser discrètement. On ne le reverrait probablement plus de la nuit, peut-être avait-il fait appel à une de ses innombrables maîtresses pour l’occasion. A cette pensée, Callum ne put s’empêcher de ricaner dans sa barbe, se remémorant le nombre incalculable de fois où il avait surpris l’immonde Snow en position fâcheuse et charmante compagnie : par chance, ce dernier ne l’avait jamais su.
Enfin seul et libre de ses gestes, Kennedy descendit de l’estrade sur laquelle il était posté pour faire beau depuis une bonne heure déjà et entreprit de se mêler à la foule, exclusivement composée d’hauts dirigeants et autres fortunés capitoliens. Le peuple qu’il devait, bien malgré lui, affronter au quotidien. Oh, bien entendu, il ne passa pas inaperçu, pensez-vous, après tout, il était tout de même le protecteur personnel du Président, ancien Vainqueur des Jeux qui plus est ! La plupart des individus présents ne se firent pas prier et, à leur tour, ne tarirent pas d’éloges à son égard, l’arrêtant à tout bout de champ comme on hélait une célébrité. Ce qui, au fond, l’agaça sincèrement. Ils étaient tous aussi fourbes les uns que les autres, prétendant l’admirer, l’apprécier : en réalité, ils ne l’admiraient que pour son poste, et ne l’appréciaient que pour les six chiffres sur sa feuille de paye. Peut-être espéraient-ils gagner en popularité ou en grade en ayant l'homme de main de Snow dans leur carnet d’adresse: si tel était le cas, ils se trompaient lourdement. Résigné à obéir à son étiquette de gentleman, Callum se contenta de leur sourire, de rire quand il le fallait et de répondre par l’affirmative à chaque question qu’ils lui posaient. Désespéré, il parvint à s’enfuir de l’autre côté de la salle après une dizaine de baisemains galants et autres accolades viriles, bonnes manières obligent.
Comme sorti d’affaires, Kennedy soupira bruyamment puis, après quelques secondes de répit, s’engagea dans une conversation tenue entre deux anciens Vainqueurs, avec qui il était d’ailleurs bon ami ; il les avait mis dans la confession quant à son idée de coup d’état, et ils faisaient donc parti tous deux des rares à être au courant de son dessein.
Callum comprenait la haine qu’éprouvaient les autres Vainqueurs à son égard. Après tout, ils avaient connu l’atrocité de l’Arène comme lui, et aux yeux de tous, Kennedy n’était qu’un traître qui s’était rallié à la cause de leurs bourreaux. Alors évidemment, il n’était pas franchement apprécié. Embrassant sur les deux joues ses compagnons d’infortune, Callum s’éloigna à nouveau, arrachant au passage une seconde flute de champagne à un serveur et se rapprochant de celle qu’il visait déjà depuis le début de la soirée : Jane. Ancien tribut comme lui, elle était la prochaine sur la liste des gens à informer du mouvement de rébellion, et probablement une des plus dures à approcher : à vrai dire, elle n’était pas réputé pour sa docilité. Et puis, tout le monde savait qu’elle détestait Callum. Cependant, bien décidé à l’affronter, Kennedy s’avança et vint se poster face à elle, lui témoignant d’un grand sourire, passablement sincère pour une fois. « Jane ! Ca faisait un moment qu’on ne s’était pas croisé, comment tu vas? ». Inutile de dire que l’effort que lui valait cette entrée en matière amicale était tout simplement colossal. Il pencha légèrement la tête sur le côté, ce qui habituellement, avait pour effet de donner plus d’aplomb encore à son sourire. Apparemment, cela n’avait strictement aucune incidence sur la belle Jane. Toujours confiant, il lui tendit néanmoins sa seconde coupe de mousseux. « A vrai dire, j’aurais quelque chose à te demander. Ce n’est pas forcément l’endroit approprié pour, mais dans la mesure où nous ne nous voyons que rarement, je n’ai pas vraiment le choix. » Hésitant, il leva à nouveau les yeux vers elle. Oh oui, la tâche serait bien plus hardi qu’il ne le pensait.
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